Geneviève Vidal-de Guillebon

Auteure - Poésie
Recueils poétiques

Le nombre de la Lumière

Le nombre de la Lumière, Jacques André éditeur, 75 pages, 2008.

Le Nombre de la Lumière, titre du livre de Geneviève Vidal que l’on retrouve dans les vers de la page 64 : Matière des mots / Irradiation de la chair // l’Invisible seule Réalité // l’Un / le Triangle le Cercle // le Nombre de la Lumière est un livre-poème à plusieurs chapitres ponctués de citations de poètes et de philosophes, Darwich, Adonis, Bernard Noël, Deleuze, Lévinas et, en filigrane, non nommés, de soufis musulmans.
Geneviève Vidal continue à y explorer le rapport entre chair, langue et pensée et retrouve les grandes préoccupations de la mystique arabe et perse ; et cela depuis plusieurs livres (on peut citer entre autres : Portes andalouses, éd. L’Arbre à paroles, 1998 ou Des chambres de terre et d’eau, éd. L’Arbre à paroles, 1995, ponctué de citations du soufi arabe Hallaj). Elle préfère essayer les alliances inédites des concepts et des notions en les déplaçant du champ de la réflexion philosophique systématique à la poésie, se retrouvant ainsi dans l’intersection des deux cercles où l’intuitif les accueille, les laisse chercher les enfantements prodigues. […] Une pensée / qui s’engendre et se digère / dans le ventre de ce Fleuve-là. (…)

par Mohammed El Amraoui, Revue N4728 n° 18, 2010.

« Sept longs poèmes composent ce recueil, sept, chiffre sacré qui suit l’auteur jusqu’aux sept degrés de la transmission ou sept corps de la rencontre. Le nombre de la lumière, ce pourrait être une traversée du désir à l’encontre du temps. La vie s’ouvre, le corps vacille. Tout ce qui tremble est travail. L’écriture halète, longe un désert, des failles en vers saccadés et durcis. Entre la vêture et la fêlure, la peau tressaille à l’appel des mots qui retrouvent un rythme lent de bravoure :
« respirer
marcher
inventer les pas de la félicité
s’asseoir à la table des évadés »
C’est une poésie vibrante, énigmatique et amoureuse qui s’attache aux métamorphoses existentielles quel est le secret au delà du secret?, au combat éternel entre Éros et Thanatos et rend compte d’une autre ardeur, d’un autre labeur : atteindre l’obscur en soi et attendre que chaque parcelle de ma vie passe à la lumière, à l’enfance du temps. »

par Paola Pigani parue dans la revue Le Croquant n°59-60, 12/2008

« Soleil première

Tu es Celui
qui frappe à ma porte chaque nuit
Je me réveille en sursaut, cœur battant chamade

Tu m’appelles
la toute vibrante
Soleil première

Saba de tous les sabbats
devant moi tu te dresses
oses m’appeler la Matricielle

Des baisers de sa bouche je nais meurs et renais
Le fruit le fruit nous le mangeons
cultivé ramassé

Haletants
la nuit la plus longue
la sapience et l’illumination

Ta main gauche sous ma tête
ton bras droit m’étreint

Babel et Babylone
tout à la fois je harangue
et révère

Ne suis-je pas ta langue
ta couronne et ton œil

Toi le seul à régner sur
mes nuits
le seul à aimer ma folie

Tu me dis que mes jubilations
plus que t’enivrer t’enseignent

La nuit la plus longue et la plus douce
les eaux du levant ne l’éteignent
les tâches du jour ne la submergent … »